samedi 7 décembre 2013

Le jour où j'ai dit « merde » au Slut-Shaming.

Second Life est normalement – en tout cas pour beaucoup – un espace de liberté. Un endroit où notre avatar nous permet de prendre la forme que l'on désire, que ce soit une forme totalement excentrique et originale ou bien le corps, l'apparence que l'on aimerait avoir dans le réel, parfois même le genre sexuel que l'on ne peut avoir. C'est un espace où il est extrêmement facile de se créer des amitiés d'un jour mais c'est quelque chose de commun à tous les espaces sur internet. Nous ne sommes pas confrontés aux barrières qui nous empêcheraient d'aller vers certaines personnes : l'apparence physique, le statut social pour certains, l'origine pour d'autres ect.

Le jeu de rôle sur Second Life, finit toujours tôt ou tard par vous confronter à une forme de violence ou de sexualité.  Même s'il existe encore quelques bastions plus ou moins asexués, la sexualité est partout, qu'elle soit assumée ou non.  Il y a cependant certaines sims où j'ai remarqué que si la torture à cours, les scènes à caractères sexuels sont souvent très, très, très mal vues.
« Toutes des salopes. Sauf Maman ».

Mais malgré cette image du « ici on est dans le virtuel, on est libre » il faut bien avouer que nous sommes loin d'être aussi ouverts d'esprits qu'on le proclame parfois. Les rôlistes francophones de SL, c'est une grande « famille », on finit toujours tous par trouver quelqu'un qui connaît quelqu'un qui connaît machin, même si truc n'a jamais quitté Gor et machin n'a jamais foutu les pieds hors du DCS. Au final, il faut bien voir un constat bien attristant, on en revient toujours à la même connerie qu'en RL : si tu est un mec qui fait du « RPQ, tu vas être adulé et recherché comme une mine d'or » si tu es une nana qui fait de même, tu es une salope intégrale et dégueulasse qui n'a évidemment aucun sens de la dignité et qui passe sans doute ses samedi soir à violenter une portée de chatons.

Cette façon de penser, c'est un phénomène qui a toujours existé. Aux USA depuis quelques années, C'est devenu un phénomène qui a pris le doux nom de « Slut Shaming », Shame étant la honte, Slut signifiant une salope, je pense que vous avez pigez l'idée.

J'ai Faillie.

On a beau se prétendre ouvert d'esprit, tolérant ect, on finit parfois par se surprendre à penser d'une façon négative. Nous y avons tous nos raisons et il faut avouer qu'entre nanas ont se chient sur la gueule mutuellement de façon assez féroce. Est-ce que c'est une particularité féminine? Allez savoir, c'est un débat qui me dépasse, mais tôt ou tard, majorité d'entre nous finissent par penser d'une façon assez dégueulasse. Combien de fois ai-je pu lire « X c'est une vrai salope, elle fait que du cul sur sl/Elle ne recherche que ça ect » et j'ai acquiescé, comme si ces personnes avaient un total manque de respect pour elles-mêmes, alors qu'elles ne faisaient strictement rien de mal. Cela ne me concernait pas.

J'ai eu l'audace de penser, pendant des années et jusqu'à encore récemment que j'étais quelqu'un dotée d'une énorme ouverture d'esprit (comme ma bi.. Ah merde.) et il a fallu du temps pour me rendre compte, me convaincre que bah non, je commettais les mêmes crimes que les autres.
Il a fallu une conversation avec une autre personne pour que cela me frappe façon épiphanie ou plutôt « tiens tu passes à côté d'un stade et tu te manges le ballon en pleine gueule ». Cette petite voix venue tout droit de la logique, de la raison qui viens vous murmurer à l'oreille « Mais qu'est-ce que tu racontes, bordel et de quoi tu te mêles à la fin ? 

Au fond, qu'est ce que ça peut bien te foutre?

Alors pourquoi? 

Pourquoi, après tout, me suis-je mis à juger des gens pour le contenu de leurs RPs ? (Et attention, je ne vous parle pas de briseuses ou briseurs de couples, de personne qui cherche volontairement le mal en touchant à des couples RL et cætera, évidemment que ça, ça donne envie de brûler un carton pleins de chatons avec de grands yeux mouillés) Si je relit par deux fois la situation, voilà ce que logiquement, je devrais penser :  Une personne préfère faire des scènes avec du cul avant tout ? Cela ne me concerne pas, cela n'a aucune incidence sur ma vie ou autre.

Alors pourquoi  m'en suis-je mêlée au départ?

Est-ce que c'est une forme de jalousie parce qu'on a le sentiment de ne pas autant attirer l'attention ? Peut-être et pourtant ce n'est pas mon domaine favori du RP, loin de là. Je ne devrais du coup avoir aucune raison de me sentir concernée.

Peut-ont réellement reprocher à un joueur de vouloir passer davantage de temps avec une autre joueuse ?
Ce n'est pas de sa faute à elle, après tout, si elle a su se montrer davantage intéressante d'une façon ou d'une autre, que cela nous plaise ou non. En tout cas, le reproche ne doit pas être fait uniquement sur elle (si reproche il doit y avoir).

Est-ce que pour autant malgré ce constat je vais continuer de juger, d'une façon ou d'une autre, les gens ? Oui, probablement et sans m'en rendre compte. Je continue autant à lever les yeux au plafond quand je vois certains malentendus que des jeux de dupes entraînent. Au final, ça tiens plus du Vaudeville qu'autre chose. Est-ce que c'est drôle d'être de l'autre côté du miroir ? Oui. Est-ce que ça me regarde ? Non. Est-ce que ça me donne le droit de les juger ? Encore moins.

Je dois aussi me rendre compte d'une chose : j'ai une chance extraordinaire, ayant une activité à pleins temps sur SL qui me permet d'être constamment occupée et qui surtout M'AMUSE. Il n'y a pas un jour où je me connecte et où je n'ai RIEN à faire. Je suis en couple, et donc pas à chercher l'âme sœur ici, je n'ai pas à combler une quelconque frustration (enfin si, une, je rêve d'avoir un corgi et j'en ai un sur SL parce que mon mec ne me laissera jamais avoir un chien qui ressemble à un nem en fourrure.) que ce soit au niveau de mon genre sexuel, des relations sentimentales, de mon physique ect (bon, je suis rousse, mais j'ai appris à vivre avec et on ne me traque plus avec des fourches dans les rues.) Autrement dit jusqu'à présent j'ai eu relativement du bol.

Si un jour je me retrouve célibataire ou que je m'attache énormément à une personne sur SL, peut-être aussi vais-je ressentir une jalousie irrationnelle parce qu'une personne que j'apprécie préfère passer son temps avec une personne qui lui propose du sekse et évidemment au lieu de me remettre en question, j’accuserai l'autre. Peut-être qu'un jour par méchancetés là encore irrationnelle, je commencerais à dire que telle personne – qu'évidemment JE NE CONNAIS PAS DU TOUT  -  est « de toute façon probablement juste un tromblon inbaisable en RL qui viens ici faire sa belle » (je précise que la première partie, le « tromblon inbaisable » a été prononcé à l'époque pour parler de moi, j'aurai presque aimée avoir la partie « pour faire sa belle » mais faut croire que même ça j'en étais pas digne !).

Je continuerai sans doute à m'énerver quand, alors que je suis dans un RP avec un membre du sexe féminin, cette dernière m'abandonnera soudainement en prétextant un truc énorme (comme ma b.. Merde toujours pas) parce qu'un mec avec une gueule de beau gosse vient de se pointer sur la sim, tandis que j'assisterais à une nuée de petits points verts filant dans la direction du MÂLE comme la scène des conduits d'aérations d'Aliens 2. Mais je ne peux qu'essayer de faire des efforts à l'approche de 2014, histoire de commencer mes bonnes résolutions.

Personne n'est à l’abri de ce genre de chose, de dire du mal pour faire du mal, à fortiori quand on est sur internet, que faire cela n'a aucune répercussion sur notre vie RL et qu'il est plus facile de chier sur la gueule des gens que de faire des concessions ou d'essayer de comprendre. On n'emmerde pas un voisin parce qu'on sait qu'il ira faire péter vos pneus de bagnoles, mais un strict étranger sur SL.. C'est sans risque, pensez-vous !

Je ne suis pas parfaite et je ne le serais sans doute jamais (déjà, parce que je suis rousse alors c'est paumé d'avance) mais je peux au moins essayer de m'améliorer. Je ne cesserais peut-être jamais de faire des aprioris, mais aujourd'hui, j'ai décidée d’arrêter le slut-shaming.

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